Image ci-dessus : “L’île du Horn en vue, grains et grêlons, je suis bien ici, dans mon élément”. Crédit Kirsten Neuschäfer / GGR 2022
- Kirsten passe le Cap Horn le 15 février en tête de la Golden Globe Race
- Abhilash Tomy, avarie de régulateur d’allure au vent de la côte chilienne
- Michael Guggenberger à 1000 miles du Cap dans une belle fenêtre météo
- Simon Curwen au mouillage au Chili, dans l’attente de bonnes conditions.
La Golden Globe Race, c’est avant tout des histoires ! Une aventure humaine de plusieurs mois en solitaire pour revenir aux Sables d’Olonne, là où tout a commencé il y a 164 jour!
Alors que Kirsten passait le Cap Horn en tête, plus au Nord à 300 milles de sa position, Abhilash se débattait au vent de la côte chilienne par gros temps, barre arrimée suite à une avarie de régulateur d’allure, sans pouvoir de virer de bord pour aller au large. Pendant ce temps, Michael Guggenberger, à 1000 miles au nord-ouest, naviguait vers le Cap Horn dans un temps presque parfait qui pourrait lui offrir une belle et durable fenêtre météo.
Le mois de février a été mouvementé pour Kirsten Neuschäfer (ZAF), qui a finalement doublé le Cap Horn à 2020 TU le 15 février. Elle s’est hissée à la première place après 150 jours de course après que Simon Curwen se soit dérouté vers le Chili, et a depuis affronté deux tempêtes, cassant un tangon de spi et remplaçant son énorme voile jumelle seule sur un Minnehaha ballotté par la houle résiduelle.
Avec les 10 000 derniers milles vers Les Sables en tête et le préservation de son voilier comme priorité, elle a d’abord suivi une route plus longue vers le nord-est pour éviter le vent et la mer du premier front le 7 février, utilisant ensuite des traînards, parfois à sec de toile, en prenant soin de Minnehaha dans la tempête. Enfin, un parcours au sud des îles Diego Ramirez pour mettre de la distance avec la côte avant de remonter pour un long tête à tête avec le dernier et célèbre cap du parcours.
Avec plus de 240 000 milles en navigation, elle connaît parfaitement cette région, ayant navigué à plusieurs reprises en tant que skipper commercial vers l’Antarctique. Mais c’est la première fois qu’elle traverse le Pacifique en solitaire pour faire le grand tour. Le célèbre rocher était bien défendu par une multitude de grains qui l’ont obligée à manoeuvrer et régler ses voiles continuellement, en tangonnant et détangonnant le Yankee qu’elle roulait au gré des passages de grains qu’elle ne pouvait éviter. Malgré ces efforts intenses, elle pouvait à peine parler pendant sa vacation, transie de froid, juste après Diego Ramirez.
C’est vraiment bien d’être ici, aussi près, et très gratifiant d’avoir pu distinguer les îles Diego Ramirez. J’espérais voir le phare, mais j’ai pu voir la terre au crépuscule. C’était vraiment un moment spécial. J’ai hâte de contourner le Cap, l’île des Etats et les Malouines, et retrouver l’Atlantique.
Kirsten Neuschäfer, Minnehaha
Ces derniers jours, en direction du Horn, le vétéran de la GGR 2018, Abhilash Tomy (IND), a été plus exposé aux conditions difficiles du coup de vent du 7 février, avec une prévision de 40 nœuds rafales à 60, dont il a dit plus tard qu’elle était plus proche de “60 nœuds soutenus avec des calmes à 40 noeuds”, qui ont occasionné quelques dommages à son Rustler comme expliqué lors de la vacation hebdomadaire. Les longues réparations suite à la tempête, les conditions difficiles,et l’attente d’une fenêtre météo pour monter au mât ont fait dériver Bayanat plus à l’est que prévu. Il savait se rapprocher de la côte du Chili, une dangereuse côte sous le vent.
Au pire moment, dans un vent de 30 nœuds et des rafales à 40 nœuds qui le poussaient à la côte le 15 février à 0852 TU, il a appelé le PC Course GGR pour signaler une avarie sur son régulateur d’allure Windpilot. Il naviguait barre amarrée et envisageait toutes les options possibles. Il n’était pas en mesure de s’éloigner de la côte avant que le vent ne tombe plus tard dans la nuit.
Confronté à des problèmes de régulateur depuis l’Atlantique, il avait déjà utilisé toutes les lames pendulaires sacrificielles emmenées en pièces rechange, puis avait fabriqué ses propres lames en découpant la table à cartes de Bayanat, qui a maintenant disparu. Il devait d’abord s’éloigner de la côte sous le vent, le PC Course lui a fourni sa position, la météo et des informations sur l’état de la mer. Il ne savait pas à ce moment s’il pourrait continuer la course sans régulateur ou s’il devrait s’arrêter pour réparer, poursuivant son tour du monde en classe Chichester.
Finalement, plusieurs heures plus tard, il a appelé pour dire qu’il avait réussi à fabriquer une pièce à partir de son safran de rechange après qu’un premier essai avec la porte de la salle de bain se soit avéré trop faible, et qu’il espérait pouvoir la tester quelques jours pour continuer son tour du monde. A 0000 UTC le 16 février, il a finalement viré de bord à 11 milles des côtes chiliennes et à 250 milles du Cap Horn.
L’un des plus grands défis du GGR est le planning en amont. Cela inclut de nombreuses questions, notamment le choix de l’équipement, la quantité de pièces de rechange à emporter, bien avant la préparation qui est elle-même d’une importance capitale. Les régulateurs d’allure sont l’un des éléments les plus critiques quand vous vous lancez dans une aventure aussi difficile. La GGR 2018 a été une histoire épique, la GGR 2022 s’annonce comme une épopée pleine de rebondissements inattendus. Qui sera le premier de retour et combien feront le tour? Les vraies aventures ont toujours une issue incertaine!
Don McIntyre, fondateur et président de la GGR
Michael Guggenberger (AUT), le troisième, n’est plus qu’à 1100 milles du Cap Horn en bonne position. Il rencontre des conditions météorologiques favorables depuis le début de sa traversée du Pacifique, qui semblent devoir se poursuivre la semaine prochaine! Ian Herbert Jones (GBR) qui a lutté toute la semaine avec un anticyclone qui a entravé sa progression vers l’Est, est également confronté à des problèmes d’eau potable à bord après que ses réservoirs d’eau douce se soient encrassés. Il lui reste 3400 milles jusqu’au Cap Horn et il appréhende un peu le défi. Il sait qu’il arrivera tard dans la saison, étant le dernier de la flotte. Son ETA au Cap Horn est prévue pour fin mars.
La classe Chichester, c’est pas les vacances !
La progression des participants en classe Chichester ne se déroule pas exactement comme prévu. Jeremy Bagshaw (ZAF) a dû monter jusqu’à 43°S pour garder du cap et de la vitesse, avant d’être avalé par le même anticyclone que Ian. Jeremy et Ian auront tous deux des vents de NW à WNW pour le reste de la semaine, les poussant enfin dans la bonne direction, bien que dans une mer confuse les prochains jours.
Simon Curwen (GBR) le talentueux marin britannique a mené la GGR pendant 150 jours, avant qu’une avarie irréparable sur son Hydrovane écrasé par une vague ne force un détour de mille milles au Chili en classe Chichester. Achevant une longue liste de réparations, il a finalement quitté Puerto Montt le lundi 13 février, incapable malheureusement de progresser vers le Cap Horn à la sortie des méandres chiliens dans les vents de 30 nœuds de Sud-Ouest.
Ceux-ci ne lui permettaient que de s’éloigner vers le Nord-Ouest avec une VMG négative au Cap Horn, ou le renvoyaient vers la côte. Il a dû chercher un mouillage sûr pour attendre une fenêtre météo comme expliqué lors de son appel au PC Course. La GGR lui a fourni des options, et Simon a décidé de s’amarrer à un coffre dans une baie abritée au sud de l’île de Chiloé, où il attend que les vents de sud diminuent avant de repartir le vendredi 16.
Avec trois bateaux en route pour le Cap Horn la semaine prochaine, d’autres belles histoires sont à prévoir!
L’avis de la belle Aïda Valceanu sur Kirsten Neuschäfer en FRANÇAIS. Selon l’International Association of Cape Horner’s qui tient les records, Kirsten une fois son tour du monde achevé serait la septième femme à passer les grands caps en solo et sans escale sur des voiliers de moins de 18 mètres ! 🙂 avec l’Australienne Kay Cottee première en 1988. #GGR2022
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