- Abhilash Tomy passe le Cap Horn une seconde fois malgré de nombreuses avaries.
- Captain Gugg n’échappera pas aux 60 nœuds de vent et 8 mètres de creux en direction du Horn, mais a pu récupérer de l’eau douce.
- Simon Curwen en lutte vers le sud, avec une fenêtre de cinq jours vers le Horn.
- Ian Herbert-Jones et Jeremy Bagshaw ralentis par des vents contraires, désespèrent de faire de l’Est.
- Kirsten mène la flotte et profite d’une visite amicale aux Malouines.
Le Cap Horn fait partie du folklore maritime international. La plupart des gens connaissent sa redoutable réputation pour la perte innombrable de navires et de vies, ainsi que le profond soulagement que procure son franchissement depuis des siècles. Pour les navigateurs en solitaire, c’est l’objectif principal, presque inatteignable, de tout tour du monde à la voile.
Sir Robin Knox Johnston à bord de Suhaili, a fait le premier tour du monde en solitaire, sans escale, par les trois caps lors de la Golden Globe de 1968. Environ 180 marins ont aujourd’hui fait cet exploit. Vito Dumas, à bord de son Lehg II de 9,5 mètres (similaire à Suhaili), a été le premier à boucler un tour du monde avec escales en 1943. Aujourd’hui, ce sont 150 marins qui ont bouclé ce même tour. Ce sont donc 330 navigateurs solitaires qui, attirés par le défi ultime du Cap Horn et de la navigation en solitaire, ont réussi cet exploit.
Quatre marins de la Golden Globe Race tentent toujours de franchir le Cap Horn. La ville des Sables d’Olonne est également le siège du “HALL OF FAME” de l’Association Internationale des Cap-Horniers, qui rend hommage à ces navigateurs solitaires dont nombreux sont partis du port Vendéen. Le registre des navigateurs ayant passé le Horn en solitaire est consultable ici.
Abhilash Tomy (IND) a passé le fameux Cap pour la deuxième fois, en seconde position de la GGR 2022 à 18:00 TU le samedi 18 février. Son premier passage en solitaire remonte au 26 janvier 2013, alors qu’il naviguait à bord de ” Mhadei “, un ” Tonga 56 “sur plan Van de Stadt avec le soutien de la marine indienne, pour devenir le premier navigateur indien à boucler un tour du monde en solitaire sans escale. Il a passé la majeure partie de la semaine dernière coincé au vent de la côte chilienne, essayant désespérément de réparer son régulateur d’allure cassé, dans 30 à 40 nœuds de vente une mer démontée sur le plateau continental.
Il a réparé et il est passé, non sans déclarer que naviguer dans les conditions rétro de la GGR était finalement plus satisfaisant que la navigation faite avec les moyens techniques modernes. Il apprécie le défi et estime être un meilleur marin, mais maintenant, il veut juste revenir aux Sables d’Olonne…
C’est génial de passer le Cap Horn, 10 ans et 23 jours après la première fois. Ça a été beaucoup plus dur cette fois que lorsque j’étais parti d’Inde, et il me reste encore deux mois en mer! Après la dépression du 26 janvier, mon unique objectif était de passer le Cap Horn sans trop de casse pour une remontée rapide de l’Atlantique. J’ai passé la plupart du temps à l’intérieur ou à réparer le bateau, j’ai maintenant hâte de faire de la voile et naviguer enfin jusqu’aux Sables d’Olonne.
Abhilash Tomy, Bayanat
Le Rustler Bayanat commence-t-il à fatiguer ? Atteindra-t-il Les Sables d’Olonne? Abhilash travaille en permanence pour l’entretenir et le réparer, tous les participants le font régulièrement, mais il semble que lui le fasse plus que la moyenne. Son windpilot tiendra-t-il la distance ? Il en est persuadé! Il a sacrifié sa table à cartes, puis la porte de la salle de bain pour façonner des pièces de régulateur et enfin son safran de secours, allant même jusqu’à démonter une ancre pour obtenir des pièces plus résistantes.
Ses réparations ne se sont toutefois pas limitées à son régulateur, il a dû recoudre ses voiles déchirées, remplacer des drisses cassées, réparer une barre de flèche avec plusieurs aller-retours dans le mât à la clé, démonter ses éoliennes, réparer des pannes du système électrique, réparer des fuites dans les réservoirs d’eau et de diesel, et résoudre divers problèmes, comme expliqué dans son appel de sécurité volontaire. Il est heureux, même si un peu fatigué, mais il est un véritable MacGyver des mers lorsqu’il s’agit de réparer des avaries en mer!
Pendant ce temps, Michael Guggenberger (AUT) à bord de NURI n’est lui plus qu’à 400 milles du Cap Horn. Son Biscay 36 bien préparé est vraiment dans la tourmente avec des vents de 60 nœuds et une mer de 8 mètres. La GGR lui fournit des informations météorologiques régulières, mais il n’évitera pas le coup de tabac. Il s’est bien préparé à ce coup de vent qui durera près de trois jours, avec une mer qui continue de grossir. Six heures avant que le pic de la tempête ne soit atteint, il a fait un rapport:
2310 UTC 21 FEB
Tout va bien à bord ! vent actuel… beaucoup ! !!… les vagues sont super grandes… le grand voile et l’artimon sont attachés à la bôme sous le vent et à basse altitude. Le foc de tempête tire sur la proue. J’ai environ 40 à 50 mètres de corde avec environ 20 kg de chaîne au bout pour tenir la poupe. Heureux marin ! Beaucoup d’eau et un poste. Tout va bien pour l’instant ! aye !!
Michael G.
Pendant ce temps, Michael Guggenberger (AUT) à bord de NURI n’est lui plus qu’à 400 milles du Cap Horn. Son Biscay 36 bien préparé est vraiment dans la tourmente avec des vents de 60 nœuds et une mer de 8 mètres. La GGR lui fournit des informations météorologiques régulières, mais il n’évitera pas le coup de tabac. Il s’est bien préparé à ce coup de vent qui durera près de trois jours, avec une mer qui continue de grossir.
Contrairement à Kirsten et Abhilash, les mers du Sud sont un territoire nouveau pour Michael. Il y a 10 ans, quand Abhilash passait le célèbre rocher pour la première fois et que Kirsten a commencé à arpenter ce coin inhospitalier, le marin autrichien avait 7 jours de navigation en eau salée au compteur ! C’est une vraie reconnaissance de la qualité de sa préparation, de celle de son excellente équipe dirigée par Stefan Weigel, et surtout de son dévouement total à l’objectif d’une vie.
Captain Gugg a eu la chance de bénéficier d’une météo et d’une mer généralement cléments pour la quasi-totalité des mers du Sud, sans aucune dépression majeure. D’autres concurrents, devant comme derrière lui, ont dû affronter de fortes tempêtes et des calmes dévastateurs, parfois les deux comme Jeremy Bagshaw. Il a également réussi à attraper l’eau douce dont il avait désespérément besoin, 48 litres, pour être précis! Il lui restera encore tout l’Atlantique à traverser du Sud au Nord, mais les chances de pluie pourraient s’améliorer après l’océan Austral. Il devrait contourner le Cap le samedi 25 février, si tout va bien !
Dernière ligne droite vers les Sables d’Olonne
Kirsten Neuschäfer (ZAF) continue de creuser l’écart. Avec 500 milles d’avance sur Abhilash, la Sud-Africaine est entrée dans une région qu’elle connaît comme sa poche, ayant travaillé longtemps comme skipper commercial à bord du Pelagic de Skip Novak. Avec Minnehaha, elle a fait un petit détour par Port Stanley dans les Malouines, sa base d’expéditions en Antarctique, pour saluer ses nombreux amis sur le chemin du retour en France. Un grand moment d’émotion et le plein d’énergie pour la navigatrice. Cela suffira-t-il à maintenir Minnehaha devant Bayanat qui s’est montré un plus rapide au près et dans les conditions plus légères?
Tous deux ont maintenant fait 75 % du parcours, il ne leur reste plus que la dernière ligne droite dans l’Atlantique pour revenir à leur point de départ d’il y a 170 jours : Les Sables d’Olonne en France. La tâche semble facile maintenant que le Cap Horn est passé, mais c’est loin d’être le cas. Après avoir passé le Horn, vous êtes toujours dans les mers du Sud. Une énorme tempête avec des rafales de 75 nœuds et une mer énorme a traversé la zone quelques jours seulement avant que Kirsten ne passe les Malouines. Tous deux ont maintenant plus de 1000 milles de navigation difficile, d’abord avec des dépressions imprévisibles arrivant de l’Ouest et les alizées du Sud qui peuvent prendre près ou au portant, c’est selo.
Une fois qu’ils atteignent les latitudes des chevaux à 30°S, il y a peu de précipitations au début du pot au noir frustrant qui joue avec les nerfs. Une fois l’équateur franchi, c’est des pluies diluviennes, une navigation humide et pénible durant des semaines avant d’entrer dans l’Atlantique Nord à la fin de l’hiver. Ce n’est pas une mince affaire! Sans compter qu’avec 22.000 milles non-stop sous la quille, les bateaux ont souffert une vie entière de navigation hauturière. La (longue) route est encore longue!
La croisière côtière, c’est la galère!
Simon Curwen (GBR) HOWDENS a dû faire un détour de 1000 milles vers le nord-ouest à Puerto Montt pour réparer son régulateur endommagé, et doit encore les parcourir dans l’autre sens. Son escapade lui a coûté la tête de course et l’a fait passer en classe Chichester. Même reprendre simplement la mer pour naviguer vers le sud n’a pas été facile, loin de là!
Ayant manqué une fenêtre météo en sortant de son port d’accueil par l’est de l’île de Chiloé, Simon est sorti dans un fort vent de sud-ouest et une mer difficile, sans pouvoir progresser. Il a dû faire demi-tour et s’est abrité dans une baie protégée avec les informations météo et de navigation relayées par le PC course. Là, il a attendu une amélioration des conditions, avant de repartir finalement six jours après son départ initial. Des vents contraires légers à modérés l’ont contraint à un weekend assez frustrant au louvoyage avant de tourner à l’ouest, puis au nord-ouest. Ce fut une semaine mouvementée, comme il l’a expliqué dans sa vacation (en français à 12 minutes). Plus tard dans la nuit, il s’est retrouvé dans des conditions difficiles avec des vents de nord-ouest soutenus de 40 à 55 nœuds. Il a une fenêtre de vents modérés en fin de semaine qui pourrait lui permettre de passer le cap.
La vie dans la zone (pas si) rouge
Pour Ian Herbert-Jones (GBR) et Jeremy Bagshaw (ZAF) en classe Chichester, les conditions ne sont pas tout à fait les mêmes cette semaine. La progression a été lente en raison de vents insaisissables et d’une météo instable. Près la pétole, puis le portant, ce sont maintenant de forts vents contraires qui les ont poussés vers le nord, alors que tous les marins jusque-là essayaient de rester le plus près possible de la limite nord de la zone d’exclusion à 47°S, en profitant au maximum des vents d’ouest. Tous deux sont conscients qu’ils doivent passer le Cap Horn le plus rapidement possible. Le nombre de dépressions qui passent maintenant dans la région augmente chaque semaine à mesure que l’été passe dans l’hémisphère sud. Ian a encore plus de 3000 miles à parcourir et Jeremy n’a que 530 miles d’avance sur lui. Arrivée prévue mi-mars!
Le Cap Horn est très présent dans mon esprit. Je suis assez anxieux. Mon ETA sera juste à la fin de la saison, presque à l’équinoxe. Je suis inquiet évidemment, chaque jour de près, ou demi-journée de calme supplémentaire est un jour supplémentaire où je ne serais pas au Cap Horn, et je sais être à la toute fin de la saison maintenant. Je sais que ça peut devenir très sérieux, très rapidement là-bas, le plus gros défi est encore devant nous.
Ian Herbert-Jones Puffin
Le passage du Cap Horn comporte des risques et est en soi une grande aventure. Le parrain de la GGR, Sir Robin Knox Johnston, en sait quelque chose, ayant fait le tour à plusieurs reprises. Il a partagé ses réflexions sur le risque et l’importance de l’aventure dans la vie !