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Code Orange sur la Golden Globe Race. Le prix à payer pour passer le Cap Horn !

Ian Herbert-Jones
Ian Herbert-Jones
  • Ian Herbert-Jones passe le Cap Horn sans régulateur d’allure, après des jours de navigation dans des conditions ‘bibliques’.
  • La bataille du pot au noir entre Kirsten Neuschäfer (ZAF) sur Minnehaha et Abhilash Tomy (IND) sur Bayanat est engagée !
  • Le dernier marin de la flotte passe le Horn barre en main, vers un refuge pour réparations. Avec Ian en classe Chichester, il ne reste plus que trois concurrents en course!
  • Jeremy Bagshaw (CH) sort des 40ème rugissants et Cpt. Gugg (3ème) entre dans la latitude des chevaux avec 280 litres d’eau de pluie.

Bien avant le départ de la GGR, la dernière ligne droite vers le Cap Horn a toujours été une préoccupation pour Ian Herbert-Jones (GBR)

Cette inquiétude s’est accentuée dans l’Atlantique Sud lorsque le marin du Shropshire avait envisagé de zapper la porte du Cap afin d’arriver avant la date limite du 31 janvier à celle de Hobart. Manquez cette date et vous devez vous arrêter, considéré comme arrivant trop tard au Cap Horn pour éviter le très mauvais temps. Ian a passé Hobart à quelques jours près. Plus à l’Est, après une sortie apathique de la mer de Tasmanie, la météo a joué contre lui au nord de la zone d’exclusion du Pacifique, augmentant son inquiétude d’un passage tardif… C’est ce qui s’est passé !

Il a navigué durant plusieurs jours dans ce qu’il a décrit comme des ‘conditions bibliques’, comme raconté lors de son appel hebdomadaire. Ian a fait face à ses pires craintes : des vents extrêmes de plus de 60 nœuds, une mer déchaînée et confuse, un bateau couché plusieurs fois par les vagues, et son Hydrovane qui avait du mal à faire face aux conditions dantesques. Il a néanmoins continué, avec la vulnérabilité, l’humilité, l’humour et la détermination qui le caractérisent depuis le départ, pour finir ce qu’il a commencé 199 jours plus tôt avec panache !

Le mercredi 22 mars à 0400 TU, Ian a appelé le PC Course pour informer que les conditions étaient dantesques, avec des vents hurlants dans les haubans impossibles à déterminer (la prévision de la marine chilienne dans les rafales était de 90 nœuds) et une mer de 7 mètres. Naviguant en fuite à sec de toile, il avait bien du mal à déployer son ancre flottante emmêlée dans le cockpit. Une heure plus tard, il avait envoyé son ancre flottante et déroulé un bout de trinquette, profitant d’un vent qui semblait enfin se calmer.

Les prévisions de la marine chilienne annonçaient des rafales de 70 à 90 nœuds ! Ian a déclaré qu’il était tout simplement impossible de deviner, car les vents étaient si loin au-dessus de son point de référence.

Cependant, à 1100 TU, il a rappelé avec une voix minée d’inquiétude, pour déclarer un “PAN PAN, PAN” et demander à GGR d’informer le MRCC Chili de sa situation, bien qu’il n’ait pas besoin d’assistance. Il était incertain de sa position, son hydrovane souffrait d’une autre avarie et ne fonctionnait plus. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi dans l’obscurité, mais il était dangereux d’aller à l’arrière pour comprendre et réparer. Le PC Course lui fournit donc des mises à jour météorologiques, et mit sa trajectoire sous surveillance, en direction des îles Diego Ramirez.

Naviguant à seulement 3 nœuds avec son ancre flottante dans une mer de 7 mètres, le fond est remonté rapidement de 1500 mètres à 100 mètres en quelques milles, suscitant l’inquiétude du PC Course. Ian a rapporté que de grosses vagues s’écrasaient sur le tableau arrière de Puffin. Il est passé à 2,5 milles au nord des îles alors que les conditions s’atténuaient lentement et que la lumière du jour apparaissait enfin.

Il a appelé une troisième fois à 1810 TU pour signaler que la ligne de son ancre flottante s’était enroulée autour du safran de l’Hydrovane lors d’un ralentissement dans la mer assez grosse. Elle causa les premiers dégâts, puis avait cassé net la pelle de safran en deux. Ne pouvant utiliser son pilote automatique électrique connecté au safran du régulateur plutôt qu’à celui du bateau, il barrait maintenant à la main jusqu’au Cap Horn.

Ian, qui ne peut barrer ainsi jusqu’aux Sables d’Olonne, a décidé d’aller en direction de Puerto Williams, à 150 milles, pour réparer. Il a été officiellement transféré en classe Chichester (donc non classé pour le trophée GGR), ce qui lui permet d’utiliser sans restriction son GPS de sécurité et son téléphone satellite pour organiser son escale et des réparations.

Ian est en sécurité, la situation est sous contrôle et il ne demande pas d’assistance. Le Code Orange précédemment déclaré à sa demande auprès du MRCC Chili a été annulé le 22/03 à 2200 TU.

Michael Guggenberger (AUT) est ravi de sortir des quarantièmes rugissants. Photo: GGR2022

Avec le franchissement du Cap Horn par Ian en classe Chichester, il y a quelques changements significatifs: toute la flotte GGR est maintenant dans l’Atlantique, s’étendant sur 3700 milles entre la Terre de Feu à 56°S et le leader à 04°S, et il y a maintenant 3 marins en classe Chichester : Simon, Jeremy et Ian, pour seulement 3 marins en lice pour le trophée GGR : Kirsten, Abhilash et Cpt. Gugg !

Malgré les récentes inquiétudes concernant la sécurité de Ian, le PC Course est certainement soulagé après un certain nombre de mésaventures dans les mers du Sud. Le sauvetage de Tapio Lethinen (FIN) bien sûr, et beaucoup de participants au tapis, bateau couché entre la sortie de la zone d’exclusion Pacifique et le Cap Horn, ainsi qu’un détour de 2000 milles vers le Chili pour Simon Curwen (GBR).

Il y a cependant eu beaucoup moins d’avaries et de bateaux perdus par rapport à l’édition précédente. La date de départ des Sables d’Olonne, le 4 septembre, soit deux mois plus tard qu’en 2018, a permis aux marins de naviguer plus tard dans les mers du Sud, où les tempêtes ont été moins nombreuses et moins violentes. La liste d’abandons est cette fois plutôt due à des problèmes personnels ou techniques qu’au mauvais temps.

J’admets être vraiment surpris par le nombre d’abandons. J’estimais que la moitié d’entre eux au moins terminerait l’épreuve ! La GGR est un défi difficile et unique dans le monde du sport. Rien n’est comparable. Elle est extrême sur le plan humain, technique et psychologique, et cela se reflète dans les résultats obtenus jusqu’à présent. 16 marins à la poursuite d’un rêve et seulement trois en lice maintenant !

Don McIntyre, fondateur et président de la GGR

Philosophie de l’Atlantique Sud

L’Atlantique n’est pas en reste, à commencer par Jeremy Bagshaw (ZAF) en classe Chichester, fidèle à lui-même et digne détenteur du record de coups de vent dans la flotte GGR ! Bien qu’il se trouve maintenant du bon côté du continent sud-américain, à 45°S, il a partagé la plupart du mauvais temps de Ian toute la semaine, terminant son expérience des 40èmes rugissants avec un coup de vent de 30 nœuds avec des rafales de 55 noeuds aujourd’hui ! Olleanna et lui ont été magnifiques à observer depuis que l’OE 32 a été débarrassé de ses berniques à Hobart, et ils apprécient certainement la dimension du voyage, comme il l’a partagé lors de sa vacation hebdomadaire.

Je suis presque sorti des mers du Sud, les températures sont plus élevées et le bateau commence à s’assécher un peu. Ce matin, j’ai ouvert les capots de pont et les hublots pour la première fois depuis des jours, mais la journée d’hier a été absolument épouvantable. C’était une mer misérable, malveillante et rancunière, qui s’est abattue sur le tableau arrière. Pas très grosse, un peu plus de 4 mètres, mais incroyablement puissante.

Jeremy Bagshaw, Olleanna

L’aspirant au podium Michael “Gugg” Guggenberger (AUT) est certainement ravi d’être sorti des quarantièmes rugissants. Entré dans la latitude aux chevaux, il a connu des conditions très variables, alternant vent frais cette semaine, et un coup de mou la semaine dernière, alors qu’il luttait contre un anticyclone qui étreignait Nuri de très près.

Mais après bientôt de 200 jours de mer, le Capitaine Gugg, qui a parfois géré avec difficulté l’isolement et les conditions météo rencontrées, a trouvé la rédemption dans une nouvelle philosophie et apprécie les petites choses. Il a peut-être même changé sa façon de voir la vie, comme il l’a confié lors de sa vacation la semaine dernière, après plusieurs jours de calme plat qui l’auraient rendu fou il y a seulement un mois.

Je m’y suis habitué (à ne pas avoir de vent), c’est même plutôt agréable tant que ce n’est pas des semaines entières. La semaine dernière, j’ai passé des journées très productives à nettoyer le bateau et à tout remettre en ordre, c’était très appréciable. Je ne me souviens pas quand avoir eu un bateau, des vêtements, du linge et un skipper propres pour la dernière fois, c’est vraiment plaisant. Je prends les choses et les jours comme ils viennent, l’un jour après l’autre, et je suis mon parcours sur la carte.

Michael Guggenberger, Nuri

La bataille du Pot au Noir fait rage !

Devant, ça se resserre pour la dernière ligne droite vers les Sables d’Olonne. Qui sera le premier à franchir la ligne d’arrivée ? Qui remportera cette GGR 2022 incroyablement disputée ? Qui osera faire un pronostic sur ces questions ? Une chose est sûre, ce ne sera pas l’équipe du PC Course !

Nous avons toujours dit que Kirsten avait besoin de construire une grosse avance dans les mers du Sud où la puissance de Minnehaha permet des distances journalières incroyables. Malgré un écart de 650 milles dans l’Atlantique Sud, qui rendait douteux un retour d’Abhilash à l’époque, nous en sommes revenus ! Les deux leaders s’affrontent désormais dans le Pot au Noir, avec moins de 300 milles d’écart entre l’agile Rustler Bayanat et le plus lourd Minnehaha.

Don McIntyre, président et fondateur de la GGR

Kirsten et Abhilash ne se sont pas parlé sur la radio HF depuis des semaines et Kirsten, ignorant la position d’Abhilash, poursuit un leader imaginaire, tout en pensant qu’elle perd du terrain. Abhilash Tomy (IND) sait que Kirsten est en tête mais ignore où elle se trouve exactement. Tout va bien sur Bayanat, et Abhilash profite pleinement d’une navigation relax, enfin sans incident, comme il l’a indiqué dans sa vacation. Il s’occupe en s’occupant de la navigation, il a collecté 100 litres d’eau supplémentaires et rempli tous les réservoirs de Bayanat, et il a enfin le temps de s’adonner à des loisirs, notamment la littérature française et une (longue) histoire de vengeance : Le Comte de Monte-Cristo !

Je n’ai pas trouvé les alizés depuis que j’ai rencontré cet anticyclone. Le vent vient de toutes les directions mais je n’ai rien vu qui corresponde à des alizés de sud-est, c’est certain. Il fait assez chaud ici, surtout quand il n’y a pas de vent, et il a plu toute la journée, ce qui est un peu inhabituel. Je ne suis probablement pas allé assez à l’Est, mais je n’en sais rien puisque je n’ai aucune information météo. Si je n’étais pas en course, je ne serais pas aussi frustrée, mais voilà, je suis en course.

Kirsten Neuschäfer, Minnehaha
Kirsten est la première dans le pot au noir, il fait chaud mais ça manque un peu de vent à son goût. Photo: Kirsten Neuschäfer / GGR

Les deux navigateurs sont maintenant sur un pied d’égalité en ce qui concerne les informations météo :  Bayanat n’a pas de fax météo et Abhilash ne reçoit pas Peter Mott, tandis que Kirsten a récemment cessé de recevoir les fax du Chili et les relais des bulletins de Passage Guardian. Abhilash a décidé de naviguer sur la route la plus courte, en se fiant au trafic côtier pour les informations météo, tandis que Kirsten prend une option à 550 milles à l’est de lui sur la base de données historiques.

Les deux bateaux ont été impliqués dans le sauvetage de Tapio Lehtinen (FIN) il y a quatre mois, et ont reçu une compensation en temps et/ou en carburant qui sera calculée après l’arrivée aux Sables d’Olonne. Abhilash a reçu une compensation de 12 heures pour avoir dévié de sa route avant d’être libéré du sauvetage par l’équipe de crise de la GGR et le MRCC Cape Town. Cependant, il a perdu du diesel à cause d’une fuite et sera pénalisé de 2 heures pour tout litre au-dessus des 25 litres autorisés. Kirsten a reçu une compensation de 35 heures pour son sauvetage et le transfert de Tapio à bord du M.V. Darya Gayatri et une allocation de 30 litres de carburant pour l’utilisation du moteur.

La croisière s’amuse !

En croisière dans la classe Chichester, sans compensation d’aucune sorte, ni lutte pour une quelconque place au classement, Simon Curwen (GBR), Howdens continue d’impressionner par sa navigation au cordeau. Même s’il a eu un peu de chance ces dernières semaines avec du portant, il navigue sur Clara autour du monde comme sur un Fastnet! Son positionnement, choix de route et la vitesse pure du Biscay 36 sont impressionnants. Profitant des alizés de l’Est, comme il l’a indiqué lors de sa vacation hebdomadaire, il affiche régulièrement les moyennes les plus élevées de la flotte, réduisant l’écart avec Abhilash à 100 milles et à 400 milles avec Kirsten.

Simon dit qu’il navigue en mode croisière, vraiment? Image: Simon Curwen / GGR

Je navigue dans les alizés sans même toucher aux écoutes. Ça va mieux maintenant, mais j’ai eu plusieurs jours de réglages de voiles en continu ces derniers temps. (…) Ce n’est pas fini : il y a encore le Pot au Noir, la dernière ligne droite depuis les Açores, donc je ne fais pas encore mes valises. (…) Si j’arrivais ici avec quelques centaines de milles d’avance ou de retard sur les leaders, je serais stressé, mais là, je n’ai aucune raison de l’être !

Simon Curwen, ‘Clara’ sponsorisé par Howdens

L’édition 2018 de la GGR a eu un seul navigateur en classe Chichester, Marc Sinclair (AUS) alias Captain Coconut, qui a terminé son tour du Monde après deux ans d’escale en Australie. En 2023, nous avons maintenant trois marins en classe Chichester et nous pourrions bien voir un marin “en croisière” prétendre aux honneurs de la ligne aux Sables d’Olonne !

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