- Kirsten, enfin dans les alizés ne perd plus de terrain sur le Rustler d’Abhilash
- Capitaine Gugg a gagné 450 milles sur les premiers la semaine dernière, mais entre maintenant dans le pot au noir
- Jeremy est sorti du mauvais temps, Ian des 50ème hurlants, et Simon passe devant
- Guy Waites, hors-course, passe le Cap Horn lors de son tour du monde en solitaire
Dans l’hémisphère nord, la situation est tendue pour Kirsten Neuschäfer (ZAF), dans moins de vent que son dauphin depuis beaucoup plus longtemps. A chaque fois qu’elle semble perdre sa place, elle trouve les ressources pour grappiller quelques milles, ou s’accrocher à un souffle de vent inespéré pour la conserver.
En queue de flotte, Ian Herbert-Jones (GBR) et Jeremy Bagshaw (ZAF) ont encore connu du gros temps, avec une nouvelle tempête à la clef pour Jeremy à 30° Sud. L’exploit de la semaine revient à un marin GGR hors course, mais néanmoins partie intégrante de la famille GGR. Guy Waites (GBR) a passé le cap Horn le 3 avril dans des conditions difficiles avec des vents de 40 à 60 nœuds. Il a reçu une lettre chaleureuse au nom de ses héros de l’International Cape Horners Association, Sir Robin Knox-Johnston et Jean-Luc Van Den Heede. Félicitations Guy !
La semaine a été difficile pour Kirsten qui a souffert d’un manque de vent pénible durant plusieurs semaines consécutives, perdant quotidiennement des milles par dizaine sur Abhilash. Son avance est passée de 300 milles la semaine dernière à 50 cette semaine. Pire, l’option Est qu’elle a choisie, bien que plus rapprochante de l’arrivée, l’a entraînée dans un scénario cauchemardesque de sortie du pot au noir avec des vents légers frustrants et une réelle détresse psychologique. Pourtant elle reste en tête, et hier a enfin trouvé du vent frais, sur un cap plus haut vers les Sables d’Olonne et une bonne vitesse.
Le contraste avec Abhilash Tomy sur Bayanat, est saisissant. En choisissant une route plus proche du Brésil, il a eu un pot au noir très étroit et a trouvé des alizés forts et constants plus tôt, ce qui lui a permis de naviguer plus haut et plus vite durant des semaines. Après plusieurs mois passés à réparer des avaries à bord, et à rationner l’eau douce à moins d’un litre par jour, il apprécie vraiment cette étape axée sur la navigation. Affichant une bonne vitesse, avec le temps de profiter de sa navigation au chaud tout en se délectant d’eau douce en quantité, comme il l’a indiqué lors de sa vacation.
Abhilash a appelé le PC Course de manière inattendue avant hier pour informer que l’un de ses deux EPIRB s’était activé seul durant quelques minutes, sans que l’antenne ne soit déployée. Deux minutes plus tard, le CROSS Antilles Guyane / MRCC Fort-de-France appelait le Directeur de Course Sébastien Delasnerie qui rédigeait le rapport d’incident pour les informer de la fausse alerte. Après avoir été mis au fait de la situation sur Bayanat, le CROSS a appelé Abhilash sur son téléphone satellite pour un SitRep et a clôturé le dossier. Tout s’est déroulé sans problème et la réponse du Cross Antille Guyane à l’activation de l’EPIRB a été instantanée. Le PC Course souhaite remercier l’équipe du CROSS à Fort de France et tous les MRCC le long de la route de la Golden Globe Race pour leur travail sur la sécurité des navires, y compris les voiliers de la GGR.
Bec et ongles
Alors qu’elle semblait découragée lors de son dernier appel hebdomadaire, la résistance de Kirsten aux assauts répétés de Bayanat n’en est pas moins spectaculaire. Elle semble à chaque fois revenir du diable-vauvert à chaque fois que son leadership semble définitivement perdu. Il y a quelques jours, après 7 mois en mer et 27000 milles, elle a viré dans une bascule de vent pendant 8 heures de nuit, pointant droit vers les Sables d’Olonne en gagnant de précieux milles sur Abhilash. Hier encore, à 50 milles d’Abhilash, après avoir perdu 40 milles par jour, elle a finalement touché les alizés qui ont permis à Minnehaha de prendre de la vitesse et pointer plus haut en tenant Bayanat à distance. Ne jamais vendre la peau de l’Ours.
On ne sait pas encore comment se déroulera l’arrivée, mais on sait déjà ceci : Kirsten a reçu 35 heures de compensation de temps et 30 litres de carburant pour le sauvetage de Tapio. Abhilash a reçu 12 heures de compensation pour son implication dans le même sauvetage, ce qui fait 23 heures de compensation nette pour Kirsten. Il faut ensuite tenir compte des pénalités pour le carburant, avec une pénalité de 2 heures pour chaque litre de carburant utilisé au-delà de 25 litres. Abhilash avait une fuite de carburant à bord. Ce que nous ne savons pas, c’est la quantité de carburant qu’il a perdue, et cela peut tout changer.
Pendant que la Reine et le Roi de la flotte s’affrontent, le fou du roi Simon Curwen (GBR) HOWDENS en classe Chichester fait le spectacle. Il sait être entre les deux, et pointe plus haut que tout le monde! Il est d’excellente humeur, décorant l’intérieur de Clara, installant des rideaux pour se protéger du soleil. Ne vous fiez pas aux histoires de croisière qu’il partage dans sa vacation hebdomadaire. Il est toujours le plus rapide, maintenant en tête de la flotte, même si pas de la course.
En plus des vents insaisissables, les sargasses ont un impact sur la flotte. Bayanat ne peut faire fonctionner son régulateur Wind Pilot à cause des algues. Alors que Robin Knox-Johnston les avait trouvées à 24° de latitude nord en 1968, les leaders de la GGR les ont trouvées à l’Equateur et le tapis d’algues est mentionné sur CNN comme étant maintenant plus grand que l’Amérique ! Les sargasses ont été mentionnées pour la première fois par Christophe Colomb lors de son voyage en 1492,et ont provoqué une certaine panique, les algues étant normalement le signe d’un fond qui remonte. Elles sont maintenant reconnues pour le danger océanique qu’elles représentent : elles empêchent les bateaux d’avancer par vent faible ! Pour en savoir plus, consultez le site de la Commission de la Mer des Sargasses. Les scientifiques lient cette augmentation massive et soudaine au réchauffement climatique.
Aventures australes
Les marins au sud de l’équateur n’ont pas encore vu les algues redoutées et ne sont pas non-plus les plus lents de la bande, à commencer par Michael Guggenberger (AUT) sur Nuri Sardines. Le navigateur autrichien a passé une semaine fantastique dans les alizés, accumulant les milles pendant que les leaders se débattaient dans le pot au noir. Aujourd’hui, il entre lui-même dans la ZCIT (Zone de Convergence Inter-Tropicale) alors que les leaders sont dans les alizés de Nord-Est, ce qui remet l’élastique en tension. Tel est le jeu de la course au large !
Il travaille dur dans le petit temps, alternant génois léger, spi ou code zéro et fait avancer Nuri Sardines tout en profitant du courant conformément à son plan. Il se cache de la chaleur et prend des douches d’eau de mer plusieurs fois par jour. La boule à facettes est de retour dans le carré, et il danse aux premières heures du matin pour tromper la chaleur et rester en forme. “On se croirait en after, dans une boîte de nuit, comme à la grande l’époque.” dit-il dans son appel hebdomadaire !
Par 25° S, Jeremy Bagshaw (ZAF), en classe Chichester, a traversé sans encombre la plus grosse tempête qu’il ait connue jusqu’à présent. Il a dû remplacer une énième pale de régulateur en contreplaqué sur le Wind Pilot, mais Olleanna et son skipper chevronné se sont bien débrouillés dans un temps épouvantable. Jeremy a fait part de son expérience lors de sa vacation hebdomadaire, et nous a dit être plus heureux de faire route avec trop peu de vent que lorsqu’il y en a trop !
Ian Herbert Jones (GBR), en Classe Chichester, a eu sa part de Nordet soutenu, le poussant plus à l’est qu’il ne le souhaiterait, mais nous savons que les “Gentlemen Anglais ne naviguent pas au près”. Il est particulièrement heureux d’avoir quitté les 50ème rugissants et a vécu une expérience singulière dans le sud de la Patagonie, comme il l’a raconté dans sa longue conversation de cette semaine. Une expérience qui pourrait être le point culminant de son voyage autour du monde, même si elle signifie sa relégation en classe Chichester.
Tout a commencé par une rencontre avec Mark et Caroline sur le S/V Jonathan, qui organisent des aventures à la voile dans les endroits les plus reculés, qui ont fait un détour pour aller à la rencontre, et remorquer Puffin dans un mouillage abrité. D’autres aventures ont suivi dans un paysage spectaculaire, un mouillage qui dérape, des plongeurs Chiliens, et une visite à terre pour la première fois depuis des mois pour un déjeuner d’adieu.
Un Cape Hornier de plus dans la famille GGR !
Enfin, Guy Waites (GBR) et Sagarmatha ont passé le Cap Horn le 3 avril, dans des vents de 40 à 60 nœuds et une mer grosse. Guy, qui est arrivé tard dans la saison, est fatigué après des semaines d’une météo détestable dans le Pacifique, mais est ravi de son exploit.
Il a reçu une lettre de l’Association Internationale des Cape Horniers pour le féliciter de son passage du Horn, comme les autres participants à la GGR.
L’Association Internationale des Cap Horniers, le Président Robin Knox Johnston, le Vice-président Jean-Luc Van Den Heede vous félicitent pour votre passage du Horn sur Sagarmatha. Nous vous souhaitons bonne chance pour votre retour aux Sables d’Olonne.
Ashley Manton, Président de l’IACH