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GGR jour 229: Plus que 800 milles avant l’accueil des héros aux Sables d’Olonne

228 jours après le départ, une semaine avant l'arrivée aux Sables d'Olonne et 29 000 milles sous la quille, Abhilash Tomy (IND) BAYANAT et Kirsten Neuschäfer (ZAF) ne sont plus séparés que par une poignée de milles. @GGR2022
  • Abhilash Tomy et Kirsten Neuschäfer jouent la gagne à une semaine de l’arrivée après 229 jours et 29 000 milles.  
  • Les premiers navigateurs GGR aux Sables d’Olonne sont attendus pour le week-end du 1er Mai. Venez les accueillir dans le chenal!
  • Quelles sont les compensation en carburant et en temps accordées suite au sauvetage de Tapio ?
  • Captain Gugg a fait sa pénalité de 4,5 heures, et se dirige, troisième, vers les Sables d’Olonne.
  • Ian Herbert Jones de retour à terre au Cap ce jour.

229 jours après le départ, une semaine avant l’arrivée aux Sables d’Olonne et 29 000 milles sous la quille, Abhilash Tomy (IND) BAYANAT et Kirsten Neuschäfer (ZAF) ne sont plus séparés que par une poignée de milles. C’est une fin de course incroyablement serrée pour ces deux fantastiques marins qui mènent la flotte depuis février, après que Simon Curwen (GBR) sur HOWDENS soit passé en classe Chichester.  

Sur le papier, la situation semblait compromise pour Kirsten Neuschafer la semaine dernière. Elle avait perdu toute son avance dans le pot au noir très large, et Bayanat le Rustler 36 d’Abhilash Tomy est un bateau mieux adapté aux conditions de l’Atlantique Nord, avec du près, du portant dans des conditions médium, parfois légères.  Abhilash a pris une option audacieuse le week-end dernier, en tirant un bord vers le NNE avec une VMG négative, à la poursuite de la dépression qui chassait l’anticyclone. Il a perdu de précieux milles dans l’opération, mais le jeu en valait la chandelle puisqu’il a navigué avec plus de vent, plus longtemps et avec un meilleur angle, rattrapant Kirsten et s’emparant finalement de la tête du classement mercredi ! Ramenant un bateau blessé, Abhilash fait le tour de la dépression, arbitrant constamment entre vitesse et sécurité, gardant le bateau en un morceau pour un retour en sécurité. Malgré cela, il a tweeté cet après-midi que sa bastaque tribord s’était cassée mais qu’il était en train de la réparer.

Kirsten a encore quelques cartes dans sa manche. Après le 21 avril, les deux navigateurs bénéficieront d’un vent favorable et portant, une fois que la dépression au nord d’Abhilash sera passée à l’est. Ils surferont alors sur la houle d’Atlantique jusqu’au Cap Finisterre et à l’entrée de la dernière ligne droite – mais pas la moindre – vers Les Sables d’Olonne. Ils entreront bord à bord dans le golfe de Gascogne, ce qui signifie que Kirsten aura virtuellement un jour d’avance sur Abhilash en tenant compte de la compensation de 23 heures de temps net pour le sauvetage de Tapio. 

Kirsten Neuschäfer Golden Globe Race record board by the GGR Underground page.

Le Golfe de Gascogne présente de nombreuses menaces dans les 400 derniers milles qui mènent aux Sables d’Olonne, avec des systèmes météorologiques très localisés et changeants, et où la pêche et le trafic maritime sont intenses. Les skippers ne peuvent pas baisser la garde après plus de 230 jours de mer. Le suspense est à son comble pour franchir ce dernier obstacle qui décidera du vainqueur de la GGR 2022!

Minnehaha est en pleine forme et Kirsten pousse son voilier à fond, sous grand spi gréé sur bout-dehors, en accumulant les milles. De fait, elle affiche les meilleures distances sur 24 heures et sur 7 jours, ainsi que la meilleure moyenne sur 4 heures des 30 derniers jours, selon la page GGR Underground de Jonathan Endersby. De plus, elle a prouvé à maintes reprises qu’elle savait tirer le meilleur parti des cartes dans son jeu et qu’elle n’hésitait pas à prendre des options audacieuses qui se sont révélées payantes la plupart du temps. 

L’histoire de trois héros…

Côté cour, un commandant de la marine indienne, Abhilash Tomy, qui a failli perdre la vie lors de la GGR 2018 dans l’océan Indien après que sa réplique du Suhaili soit roulée dans une tempête. Il est resté accroché aux barres de flèche par sa montre-bracelet, qui a fini par céder, tombant sur la bôme, se brisant le dos, incapable de bouger, jusqu’au sauvetage par le patrouilleur de pêches français Osiris.

Abhilash a surmonté son traumatisme de 2018, et est revenu en 2022 pour une superbe GGR sur Bayanat. @INTERNATIONAL_SAR

Avec des vertèbres soudées et plusieurs années de travail acharné pour pouvoir marcher, piloter des avions et naviguer, Abhilash était de retour en 2022 pour finir un travail inachevé, mais la route n’a pas été facile. Bayanat a été victime d’une collision avec un navire lors du SITRAN Challenge au départ de Gijon, qui a failli mettre fin à sa course avant même qu’elle ne commence. Il a ensuite souffert de stress post-traumatique après le départ, incapable de manger ou de dormir dans le golfe de Gascogne en raison de son naufrage passé. 

Abhilash Tomy (43) / India / Rustler 36 – “BAYANAT” in the #GGR2022. @Abhilash Tomy / GGR2022

Au Cap, il a laissé entendre aux organisateurs que la GGR n’était plus une course, qu’il n’y prenait plus plaisir et qu’il ne courait plus. Tout cela a changé lorsqu’il a passé la position de son naufrage et de son sauvetage en 2018. Après les tempêtes océaniques du Sud, il a passé la majeure partie de l’année 2023 à réparer son voilier, faisant preuve d’une ingéniosité et de compétences incroyables en matière de bricolage.

Le fait qu’il lutte aujourd’hui pour la victoire témoigne bien sûr de ses compétences de marin, mais surtout de sa résilience hors du commun.

Côté jardin, la navigatrice professionnelle Kirsten Neuschäfer est de loin le marin engagé avec le plus grand nombre de milles en mer, soit plus de 250 000 milles en convoyage et comme skipper sur le Pelagic de la la légende de la voile Skip Novak (USA) lors des Expéditions Pelagic dans les endroits les plus reculés de l’Atlantique Sud. À l’âge de 22 ans, elle est revenue seule d’Europe à chez elle en Afrique du Sud àvélo, un voyage solitaire de 15 000 km à travers le continent qui lui a permis d’apprendre le Français en chemin.

En harmonie avec la mer, Kirsten est dans son élément au large. @GGR2022

Elle est faite pour ça. Là-bas, elle ne fait qu’un avec la mer, les baleines et la vie marine, elle aime la solitude en mer sans jamais se sentir seule, et aime être coupée de la technologie. Son combat permanent pour la tête de la course est extraordinaire et la fatigue mentale liée à son ignorance de la position de ses concurrents est réelle. Pour les autres marins, elle n’a jamais été la “femme de la course”, mais une navigatrice féroce et expérimentée, crainte et respectée.

Au milieu de la scène, Simon Curwen (GBR) est en mode “croisière rapide”,comme il le dit lui-même, dans la classe Chichester. Le plus francophile des marins britanniques, terreur du Solent à bord de son J/105 Voador, et de la mini-transat qu’il termine deuxième en 2001, derrière Yannick Bestaven (FRA), le vainqueur du Vendée Globe 2022. “L’Indétronable” menait la GGR depuis le cap Finisterre jusqu’au jour fatidique où son Hydrovane s’est brisé dans une tempête sur la route du cap Horn. 

Simon donne un nouveau sens à la croisière rapide : “je ne navigue pas plus lentement que le bateau ne peut aller!” Chez lui c’est très très vite. @Chalky Whyte.Photographer

Sans pièces de rechange pour effectuer une réparation, il a fait un voyage aller-retour de 2000 miles au Chili, s’est arrêté trois jours à Puerto Montt, puis deux autres jours à attendre une fenêtre météo au mouillage. Il a finalement rattrapé, puis dépassé Michael Guggenberger (AUT) au Cap Horn et joue maintenant les trouble-fête, en parfait fou du roi entre le Roi Abhilash et la Reine Kristen, arrivant peut-être même  le premier aux Sables d’Olonne…

Quoi qu’il arrive dans la semaine à venir, ils ont tous lutté contre des obstacles presque insurmontables pour se hisser en tête de la flotte des cinq rescapé, et seront dûment célébrés par les habitants des Sables d’Olonne, de la Vendée et des Pays de la Loire, et bien sûr par la famille élargie de la GGR. Nous estimons une arrivée au plus tôt le vendredi 28 avril et les trois bateaux pourraient être tous à quai durant le week-end.

Sauver une vie… compensations…

Selon une longue tradition maritime, si un marin est en détresse et lance un “Mayday”, tous les marins à proximité doivent faire de leur mieux pour venir en aide immédiatement s’ils peuvent le faire en toute sécurité. C’est ce qu’ont fait Abhilash Tomy (IND) sur Bayanat et Kirsten Neuschäfer (RSA) sur Minnehaha lorsque le PC Course leur a demandé de participer aux secours de Tapio Lehtinen (FIN) sur Asteria. Tous deux se sont immédiatement déroutés et ont mis leur course en suspens après en avoir reçu la demande. Le sauvetage a été un succès.

Opération de sauvetage réussie pour Tapio Lehtinen dans le sud de l’océan Indien. Kirsten Neuschäfer est la première à atteindre son poste. Picture Credit: Kirsten Neuschäfer / GGR2022

Afin de calculer la compensation en temps pour les deux marins, tous les faits les concernant ont été pris en compte, en se concentrant sur les impacts primaires suivants:

  • Le temps passé hors du parcours normal
  • Les changements et les nouveaux systèmes météos à la reprise du parcours
  • Position au début et à la fin de l’opération suite au changement de route

Abhilash a accusé réception du message de sauvetage à 0930 TU et a ensuite été libéré à 1350 TU, (4:20 heures). Il a confirmé avoir repris sa route à 1400 TU (total 4:30 heures) et est resté sur une route plus haute (80° environ) pendant toute la durée du sauvetage au cas où une assistance serait demandée. Moteur : n’a pas utilisé le moteur. Distance 27.5 nm @ 50°, dist approx. latérale 23 nm/verticale 15 nm.

Kirsten a accusé réception du message de sauvetage à 1203 TU et a appelé pour confirmer le transfert sur le navire à 0845+1 mais est restée à disposition jusqu’à 1000 TU avant de repartir sous voilure réduite : total 22 heures. 

Heures de moteur : 2 au début, 2 au milieu, 3 à la fin, total 7 heures. 5 heures @ 1.8K rpm=3.5 l/h= 17,5lt et 2 heures @ 2.4K rpm=5 l/h = 10lt. Total 27,5 litres, Distance 100 miles @ 38°, distance approx. latérale 57mn/vertical 83 mn.

La compensation en temps suivante a été déterminée :

 -Kerstin Neuschafer 35 heures + 30 litres de carburant

– Abhilash Tomy 12 heures
Abhilash et Kirsten ont tous deux déclaré qu’il leur avait fallu un certain temps pour laisser retomber l’adrénaline et se remettre en mode course. Bien que libéré de l’effort de sauvetage, Abhilash était émotionnellement impliqué et est resté sur une trajectoire plus au nord que la normale pendant la durée du sauvetage, demandant à être régulièrement informé de sa progression. Kirsten a barré Minnehaha toute la nuit et a manœuvré à proximité du navire pour le transfert de Tapio.

Alors qu’il semblait peu probable à l’époque qu’ils soient au coude à coude pour la victoire aux Sables d’Olonne quelques mois plus tard, il y avait déjà eu un précédent dans le Vendée Globe pour le sauvetage de Kevin Escoffier. Bien que de tels calculs soient toujours subjectifs par nature, nous avons été extrêmement attentifs à la justesse et à l’équité sportive de la compensation entre Kirsten et Abhilash, mais également par rapport à Simon qui était en tête dans des conditions favorables au moment du sauvetage.

Sébastien Delasnerie, Directeur de course GGR

Fermeture de l’Atlantique Sud…

C’est l’heure de la fermeture de l’Atlantique Sud pour la flotte avec des malheurs divers dans le “Triangle des Bermudes mental”, un terme inventé par Jeremy Bagshaw (ZAF) en classe Chichester, dans sa dernière vacation. Fermant la flotte, Olleanna et son skipper poursuivent leur “longue route” et passent l’équateur. Il n’a pas tourné à l’Est pour sauver son âme, ni même pour rentrer chez lui à Simon’s Town, accumulant les milles avant d’entrer dans le pot au noir. Jeremy a réalisé une course exemplaire, et le Pot au Noir dans lequel il entre ce week-end s’annonce particulièrement étroit, ce n’est qu’à la fin que nous saurons si son objectif du meilleur temps entre Hobart et Les Sables d’Olonne tient la route !  

Michael Guggenberger (AUT) sur NURI se débat depuis des semaines dans des alizés qu’il ne reconnaît pas ! Instables en force et en direction, alternant calmes, grains, pluie, humidité et chaleur, ne sont-ils qu’une extension du pot au noir et un purgatoire pour Nuri sur le chemin du retour? Mèneront-ils au paradis ?

Captain Gugg a fait ses 4,5 heures de pénalités et se dirige maintenant vers les Sables d’Olonne en 3e position! Credit: Nora Havel / GGR2022

Les choses n’ont pas été simples en début de semaine lorsque le PC Course lui a envoyé un message l’informant qu’il devait purger une pénalité de 4,5 heures (pour avoir enfreint la zone d’exclusion du Pacifique Sud) dans une “penalty box”. Pour ce faire, à 1200 TU un jour donné, il doit faire route au sud et ne pas passer au nord de cette latitude pendant au moins 4,5 heures. On lui a expliqué que sans cette pénalité effectuée, il serait considéré comme “n’ayant pas terminé le parcours” et donc disqualifié de la GGR, il s’est rangé à l’avis de l’organisation et garde sa place au classement.

Nous avons eu plusieurs conversations avec Michael depuis Cape Town, qui nous a fait part de ses frustrations concernant le parcours de la course et les systèmes de communication utilisés. Nous savons que l’isolement et les défis d’un voyage aussi long et ardu peuvent perturber l’esprit et les émotions de tous les participants. Nous comprenons cela, et prenons au sérieux le bien-être mental de nos participants. Mais les règles de l’avis de course sont fondamentales à la GGR et doivent être respectées.

Don McIntyre Fondateur et président de la GGR

PUFFINS Tracker a maintenant perdu de la puissance, nous ne savons donc pas où elle se trouve, mais Ian est heureux d’être sur la terre ferme du Cap !

Photos d’un PUFFIN solitaire dérivant vers nulle part prises par le “Fa da cai” L’un des trois chalutiers taiwanais dérouté pour assister l’IAN . PUFFINS Tracker a maintenant perdu de la puissance, nous ne savons donc pas où il se trouve ni s’il dérive toujours. #GGR2022 ! Tous les droits d’auteur à FORTUNA
Le ZI DA WANG est arrivé au Cap aujourd’hui à 12h30 TU. Ian est reconnaissant à toutes les personnes impliquées dans son sauvetage, et aux nombreux amis qu’il s’est fait en chemin. (Crédit : équipage du ZI DA WANG)

Ian Herbert Jones (GBR) est arrivé sain et sauf au Cap aujourd’hui à bord du ZI DA WANG, après avoir été sauvé de Puffin suite à son démâtage après avoir été roulé le 10 avril. Il avait été signalé précédemment que le Puffin avait été sabordé et avait coulé, mais Ian n’en a pas eu le temps pendant le sauvetage “Do or Die” (faire ou mourir) qui a eu lieu. On savait qu’il dérivait jusqu’au défaut d’alimentation de sa balise satellite, mais on ne sait pas où il en est. Ian est très reconnaissant envers toutes les personnes impliquées, en particulier l’hospitalité exceptionnelle du capitaine et de l’équipage du ZI DA WANG pendant ce voyage de rapatriement vers Cape Town.  

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