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Arnaud Gaist abandonne la GGR ! Sextants cassés et avaries en tous genres dans la flotte!

Arnaud can’t sail to weather, therefore can’t make the Cape Town gate until rig is repaired. Picture credit: Aïda Valceanu/ GGR2022

Photo ci-dessus : Arnaud Gaist (FRA) a eu des problèmes de gréement ces dernières semaines, en plus des berniques! Il a abandonné. Crédit photo : Aïda Valceanu/ GGR2022

  • Problèmes de gréement pour Arnaud Gaist qui ne peut naviguer au près, et retour aux Sables d’Olonne par les Antilles!
  • Kirsten dans son élément, mais pas loin de la zone d’exclusion! Les records de distance tombent.
  • La zone d’exclusion à 44° Sud fait son office, mais pourquoi est-elle là ?
  • Tapio a touché terre 19 jours après avoir été secouru, à temps pour Noël 
  • Guy et Elliot en lutte pour passer la porte à Hobart avant la fermeture le 31 janvier.
  • Le Bernard Moitessier des temps modernes est-il un jeune Américain?

La flotte de la Golden Globe Race s’étire sur 5000 miles à travers les mers du Sud et ne manque pas d’histoires. Seuls neuf marins sont encore en route vers Les Sables d’Olonne en France et ils ne sont pas encore à mi-chemin ! La météo frustrante, voire lente pour les marins, n’apporte pas les intenses tempêtes habituelles des mers du sud et c’est plutôt une bonne nouvelle. Le report de deux mois du début de cette édition était évidemment une bonne décision, mais le passage du Cap Horn avant la fin mars 2023 et la fermeture de la porte à Hobart Gate le 31 janvier est une menace bien réelle pour les concurrents les plus lents!  La Golden Globe abonde en défis. Il est difficile d’être au départ et plus encore d’être à l’arrivée !  

Arnaud Gaist (FR) . Crédit photo : Aïda Valceanu/ GGR2022

Arnaud Gaist (FRA), dont la progression a été entravée par des problèmes de gréement ces dernières semaines et par une invasion de berniques a abandonné ! Il est à 200 milles de Sainte-Hélène. Il a officiellement notifié le PC Course qu’il abandonne et fait route vers le nord, dans l’impossibilité de naviguer au près. Il y eut un long moment de frustration et de déprime préalable à cette décision, après trois ans de planification et de préparation. Arnaud l’accepte aujourd’hui, et avec encore 150 jours de nourriture à bord, il prévoit de mettre le cap sur les Caraïbes, puis sur les Sables d’Olonne une fois qu’Hermes Phoning aura retrouvé sa forme initiale! 

Dans l’Atlantique, Guy Waites (GBR) est à 200 milles du Cap et affiche des vitesses surprenantes avec son Tradewind Sagarmatha envahi de berniques. Il devrait atterrir dimanche soir ou lundi. Il fera gruter le bateau, enlèvera les mollusques, appliquera l’antifouling pour reprendre la mer quelques jours plus tard. Mais le fera-t-il ? Il sera en classe Chichester avec une escale. Il doit encore décider, Hobart à  6.000 milles par les mers du Sud, avec 47 jours avant la fermeture de la porte, c’est une moyenne journalière de 128 mn au plus court!  Un concurrent Chichester qui rate la porte, et c’est la disqualification ! Guy a déclaré qu’il ne prendrait aucune décision avant d’être prêt à partir, et est maintenant dédié à ce seul objectif.

Le Bernard Moitessier des temps modernes est-il un jeune marin américain ?

A la traîne dans l’Océan Indien Sud, Elliott Smith (USA), 27 ans, a eu son lot de problèmes après avoir décidé de faire demi-tour vers False Bay après son avarie de bout-dehors. A la manière de Bernard Moitessier, qui avait réparé le bout-dehors tordu de son Joshua lors de la GGR 1968, Elliott n’a ménagé ni son énergie ni sa créativité, pour réparer et renforcer le sien, sans assistance extérieure, sur Second Wind.

Le Bernard Moitessier des temps modernes est-il un jeune marin américain ? Elliott Smith (27) / USA /  Gale Force 34 – ” SECOND WIND ” à bord photo. Crédit photo : Elliott Smith / GGR 2022

Depuis, il s’est battu pour faire route vers l’est en direction de Hobart avec de forts vents contraires, des calmes, puis une violente tempête. Il a d’autres problèmes à bord, notamment sur l’Hydrovane. Le raccord en bronze des fixations de maintien de la barre s’est desserré, ainsi qu’un boulon sur le régulateur. Les coulisseaux de sa grand-voile cassent, qu’il remplace par ceux de son ancienne GV, mais il va bientôt être à court…

Heureusement, Elliott a plus d’un sextant dans son sac. Crédit photo : Elliott Smith / GGR2022

Enfin, son sextant principal est cassé. La rupture d’un petit arbre en plastique a rendu le tambour inopérant car tournant librement. Cet élément est essentiel au fonctionnement du sextant. Il a tout essayé pour le réparer, de l’époxy, de la super glue, un boulon de serrage et bien d’autres choses encore, sans succès… Il a un sextant de rechange en plastique EBCO offert par Michael Guggenberger aux Sables d’Olonne, en  même temps qu’il lui souhaitait bonne chance!

Ce qui aurait été une expérience insurmontable il y a seulement quelques semaines ne semble plus perturber le Jeune Américain, qui est maintenant plus fort, concentré sur son aventure avec la certitude de pourquoi il est là, et pourquoi il souhaite continuer.

J’apprends à lâcher prise. J’étais habitué à la colère, frustré par la météo, le bateau et tout ce qui semblait casser. L’hydrovane ne fonctionnait plus juste avant la tempête, mon sextant s’est cassé, les coulisseaux de grand-voile, puis le calme plat… Je me suis épuisé à force de colère, et me suis demandé pourquoi cette colère? Est-ce que je m’accroche à une position dans la course qui est tout compte fait arbitraire dans ma vie ? Je ne participe pas pour gagner, je veux finir. (…) Je me suis plongé dans les cassettes, la musique; les messages que les gens m’ont laissés sur les cassettes qui m’ont surpris et j’ai dû lâcher prise.(…) C’est tout bon !

Elliott Smith

Elliott, qui a partagé ses sentiments lors de sa dernière vacation, doit s’adapter à son gréement rogné, et faire avancer Second Wind selon ses capacités réduites pour atteindre la porte de Hobart à temps avant sa fermeture le 31 janvier 2023.

2018, Jean-Luc VDH à Hobart Film Drop Gate. Crédit photo : GGR 2018 / Christophe Favreau

Simon Curwen (GBR) a dépassé la zone d’exclusion le 5 décembre puis est descendu à 45° S afin de trouver des vents d’ouest plus forts et réguliers, confortant son avance de 750 milles sur Kirsten Neuschäfer (ZAF). Une stratégie qui a payé, bien qu’il ait tiré le meilleur de Clara dans ses derniers jours le long de la no-go zone avec sa meilleure distance sur 7 jours le 6 décembre à 1143 milles (6,8 nœuds de moyenne) et sa meilleure distance sur 24H le 3 décembre à 175 mm (7,3 nœuds de moyenne), égalant la performance de Michael Guggenberger (AUT) sur l’autre Biscay 36 de la flotte ! Tout va bien à bord malgré un problème de ragage de drisses. Il doit régulièrement déplacer le point de ragage et les échanger pour éviter qu’elles ne se cassent.

Simon fait une bonne semaine, avec plus d’options à l’est de la zone d’exclusion, en tenant Kirsten à distance, et en profitant pour battre quelques records personnels de distance. Picture Credit: Josh Marr
Ian Herbert Jones (52) / Royaume-Uni / Tradewind 35 – ” PUFFIN ” au GGR2022 Cape Town Film Drop. Crédit photo : Karin Smit

D’autres ont eu des vents forts la semaine dernière et en ont bien profité. Ian Herbert-Jones (GBR) a également affiché un nouveau record de distance pour le Tradewind 35 Puffin avec 182 mn en 24 heures!

Il nous a décrit dans son dernier appel, avoir vu un front très actif passer à quelques milles, alors qu’il naviguait dans 10 nds de vent toutes voiles dehors, puis Bang ! Puffin était couché par  la mer et les vents les plus forts qu’il ait jamais vus. Il n’était pas inquiet, mais un peu terrifié! 

Jeremy Bagshaw (ZAF) qui apprécie enfin de naviguer sur une coque propre sur Oleanna a eu sa part de mauvais temps, souvent sous tourmentin en fuite dans une mer grosse. Il a fait d’excellentes moyennes toute la semaine, battant plusieurs fois son record de 24 heures qui s’établit finalement à 165 m/24H,  et 1022 nm sur 7 jours le 6 décembre. Bienvenue dans le club des 1000 milles!

Kirsten Neuschäfer (ZAF) vit son rêve, elle ne fait qu’un avec son bateau et la GGR, et elle en profite! Elle aime naviguer au sextant, sans ordinateurs ni écrans, même prévisions météo. Elle a travaillé dur pour sa deuxième position, en course contre elle-même, et s’est approchée à quelques centaines de mètres de la zone d’exclusion et d’une éventuelle pénalité de temps avant de tourner vers le nord. 

Kirsten Neuschäfer (39) / Afrique du Sud / Cape George 36  – ” MINNEHAHA” dans GGR2022 Race onboard Photo. Crédit photo : Kirsten Neuschäfer /GGR2022

La zone d’exclusion marque la limite sud pour tous les participants. Elle est établie en consultation avec les centres de coordination des secours en mer au cas où un participant serait en détresse. S’ils se trouvaient trop au sud, il serait difficile de coordonner des moyens pour un sauvetage. Peu de navires traversent les mers du Sud et vont rarement au sud de 40 degrés Sud. La zone se situe à 44° Sud, un participant qui franchit cette ligne imaginaire subit une pénalité de trois heures pour chaque heure passée à l’intérieur de la zone ! 

Kirsten a battu le record de distance sur 7 jours de la flotte en parcourant 1143,7 miles le 1er décembre ! Ce faisant, elle détient désormais tous les records de la flotte, y compris celui de la distance sur 24 heures (218,9 miles) et celui de la vitesse moyenne sur 4 heures (9,8 nœuds). Cela lui a permis de mettre 280 milles entre elle et le troisième participant Abhilash Tomy (IND) depuis le sauvetage de Tapio.. 

La zone d’exclusion maintient la flotte GGR à proximité des voies de navigation et au-dessus des pires conditions météorologiques. Crédit photo : GGR2022

Abhilash a signalé un petit problème avec son système régulateur d’allure Windpilot : le bras du servo s’est cisaillé et il a pu le remplacer. Il était heureux d’avoir exorcisé ses démons des mers du Sud, en passant le Cap de Bonne Espérance et la longitude du Cap Comorin, (la pointe sud de l’Inde, 3000 miles au nord) avec Bayanat. C’est dans cette zone qu’il a vécu son chavirage, démâtage, la grave blessure au dos et son sauvetage lors de la  Golden Globe 2018. Il est heureux de parcourir une eau nouvelle maintenant et d’aller à Hobart !  

Pour les premiers à Hobart, le jeu est ouvert concernant les ETA (heure d’arrivée estimée). Le trio de tête devrait franchir la porte en 2022, avec Simon Curwen le 19 décembre, suivi de Kirsten Neuschäfer le 26 décembre et Abhilash Tomy le 30! La flotte de la célèbre Rolex Sydney Hobart arrivera au même moment. 

Tapio est un peu plus près de chez lui, il a quitté le bord du Darya Gayatry pour toucher terre en Indonésie. Il doit arriver en Finlande d’ici la fin de semaine. Photo : Tapio Lehtinen Sailing Team

Tapio Lehtinen (FIN) arrive chez lui ! Il a été déposé par le M.V. Darya Gayatri à Jakarta le 6 décembre à 2200 heure locale, 19 jours après son sauvetage dans le sud de l’océan Indien. Il se rendra en Finlande le mardi 13 décembre pour une conférence de presse pour raconter son expérience. Kirsten joindra l’événement diffusé sur GGR Facebook Live par téléphone satellite. Tapio, qui sera en escale à Auckland sur la www.OceanGlobeRace.com l’année prochaine, se réjouit de passer Noël en Finlande, entouré de sa famille.  Le Capitaine Naveen Kumar Mehrotra et son équipage continuent leur route vers Rizhao qu’ils atteindront fin décembre.

Le skipper de la Golden Globe Race, Kirsten Neuschafer, a été le premier sur les lieux, sauvant Tapio Lehtinen de son radeau de sauvetage avant d’être transféré sur le Darya Gayatri. Crédit : Anglo Eastern
Tapio Lehtinen monte à bord du vraquier battant pavillon de Hong Kong Darya Gayatri après avoir passé 24 heures en mer dans son radeau de sauvetage. Crédit : Anglo Eastern Crédit : Anglo Eastern

Pendant ce temps, Pat Lawless (IRL), qui ramène Lazy Otter d’Ertan Beskardes (GBR) en Europe, a eu le temps de la réflection et a envoyé un Tweet à la Direction de Course concernant une éventuelle participation à GGR 2026 ! La plupart de ceux qui ont abandonné à ce jour pensent la même chose ! Les inscriptions commencent maintenant pour la troisième édition de la GGR, et certains cherchent déjà des Cape George 36 Yachts !

Où est le vent ?

En raison d’une oscillation antarctique dans l’hémisphère sud, la plupart du sud passent au sud de la zone d’exclusion. Le SAM positif a de multiples facteurs, principalement une diminution de la pression sur l’Antarctique, et une augmentation aux latitudes moyennes.

Les vents d’ouest les plus forts se déplaçant plus au sud, ils propulsent également le courant polaire antarctique, le courant le plus fort du monde, d’ouest en est à environ 60ºS. La flotte devrait être poussée dans le passage de Drake avec des vitesses- sol élevées. 

Si le SAM positif signifie moins de tempêtes pour la flotte entre 40º et 50ºS, il signifie également une concentration de vents d’ouest très forts plus au sud. Il est possible que la flotte soit confrontée à de fortes tempêtes au moment de passer le Cap Horn. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce phénomène météorologique, son impact sur les glaciers de Patagonie et d’Antarctique et donc sur le changement climatique mondial, nous vous recommandons l’article écrit par Bethan Davies. 

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