- Don McIntyre, fondateur de la GGR, explique pourquoi les régulateurs sont considérés comme un équipement de sécurité.
- Défaillance de l’Hydrovane, que c’est-il passé, et que peut faire l’organisation pour l’éviter?
- Damien Guillou à la 6ème place, au contact des premiers!
- Ouverture de la GGR 2026 avec un Avis de Course revu.
- GGR 2026 Pré-avis de course émis et 2026 ouvert aux participants.
Dans les mers du sud, en lutte avec des vagues de 12 m et des vents de 70 nds à bord d’un voilier GGR, vous avez besoin de la certitude que votre régulateur d’allure continuera à fonctionner. Dans le cas contraire vous aurez des difficultés certaines à profiter de votre expérience dans les forts vents du Sud !
Par Don McIntyre, fondateur et président de la Golden Globe Race
À la fin des années 70, je suis parti d’Adélaïde en Australie, pour une croisière de trois ans dans le Pacifique à bord de mon Duncanson 29 SKYE. J’avais installé un régulateur Plastimo NAVIK qui était cher à importer, mais je savais, pour avoir suivi les premières Mini Transat (avec Jean-Luc VDH !), qu’un bon régulateur d’allure était crucial.
700 milles plus tard, alors que je naviguais dans le détroit de Bass, un boulon de 5 mm fixant le guide en bois des drosses du Navik a cédé, le rendant inopérant au milieu de la nuit. Avec 35 nœuds et une mer de 4 mètres, je ne pouvais pas réparer. J’ai barré pendant 16 heures, sans pouvoir lâcher la barre pour changer de voiles, de peur de partir au tas. J’étais surtoilé et sur le fil du rasoir jusqu’à ce que nous arrivions au mouillage. J’ai appris quelques leçons importantes que je n’ai jamais oubliées. Je repasse tout le matériel avec des clés plates pour resserrer les « choses » avant et pendant une grande traversée.
Quelques années plus tard, je travaillais avec le Britannique David Scott Cowper sur ses deux tours du monde en solitaire à la chasse aux records de Sir Francis Chichester et de Sir Chay Blyth dans les deux sens, et j’ai rencontré Nick Franklin, le constructeur des régulateurs Aries. Je suis devenu le distributeur d’Aries pour l’Asie du Sud-Est et je me suis retrouvé à Sydney pour entretenir toutes les régulateurs Aries lors du BOC Challenge de 1982, la deuxième course autour du monde en solitaire, 14 ans après la Golden Globe Race de 1968. J’ai rencontré Sir Robin Knox Johnston, j’ai vu tous les modèles de régulateurs d’allure et l’histoire a continué…
Au cours des 45 dernières années, j’ai navigué avec des régulateurs QME, Navik, Hasler, Fleming, Aries original, Aries Lift Up, Monitor, Windpilot, Hydrovane, Sailomat et South Atlantic. Je connais pratiquement tous les régulateurs vendus dans le monde. Aucun n’est parfait, mais certains sont de loin supérieures à d’autres. Certains sont plus adaptés à certaines situations et à certains types de bateaux pour diverses raisons : taille, puissance, conception, et le type de voyage.
La nature critique des régulateurs lors de la Golden Globe Race 2018 en solitaire dans les mers du sud était claire pour tous. Les “axes sacrificiels” des régulateurs Monitor se brisaient beaucoup trop facilement. Trois régulateurs Beaufort ont subi les mêmes défaillances structurelles catastrophiques. La rupture d’un régulateur, c’est l’obligation pour un skipper de barrer lui-même, ou de se mettre à la cape par mauvais temps, tout en effectuant des réparations qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. C’était clairement le cas lors de la GGR 2018.
À la suite de ces expériences, en tant qu’organisateur, j’ai décidé que les régulateurs devaient désormais être évalués et examinés comme un équipement de sécurité important. Pour modérer ce risque, la GGR autorise désormais les pilotes automatiques électriques scellés (leur utilisation entraîne une pénalité) comme solution de secours et tous les régulateurs doivent être approuvés avant d’autoriser une marque sur la GGR.
Pour avoir cette approbation, le fabricant ou le participant doit soumettre un dossier complet expliquant pourquoi il pense que l’unité continuera à fonctionner sur les voiliers GGR, dans les mers du Sud pendant 30 000 miles. Plusieurs marques sont maintenant approuvées, l’une d’entre elles après avoir accepté d’apporter des modifications spécifiques pour la GGR.
Trois participants à la GGR ont eu des problèmes avec les unités Hydrovane dans cette édition. Deux mineurs et un sérieux. Deux ont été causés par un manque de suivi ou de maintenance à bord, avec des boulons qui se sont desserrés. Cela arrive à tous les systèmes en mouvement constant (comme mon Navik !) C’est un problème d’utilisateur.
Hydrovane jouit d’une solide réputation auprès de la plupart des participants à la GGR. 12 des 16 participants ont choisi Hydrovane, deux ont choisi Aries et deux Windpilot. Hydrovane a proposé des inspections et une révision gratuite de leurs unités au village de la GGR avant le départ, proposition à laquelle Damien Guillou n’a pas donné suite.
Le 6 septembre, trois jours après le départ, un boulon de fixation de l’Hydrovane de Damien s’est brisé. Il s’est cassé en tension alors que la charge était en cisaillement. Cela suggère qu’il aurait pu être trop serré lors de l’installation, ou que l’écrou n’aurait pas été à plat sur la surface de contact. L’équipe a installé un bras de support supplémentaire, remplacé le boulon, et les écrous ont été marqués visuellement pour identifier tout mouvement. Damien, parti 6 jours après en dernière position est en route pour Cape Town en 6ème place, quelques centaines de milles à peine derrière les premiers.
Le 20 octobre, il a signalé la rupture de la mèche de safran en acier inoxydable. Cette mèche est fabriquée en inox Super Duplex Ferrinox 255 de 32 mm, 3 fois plus résistante que l’acier inoxydable 316. Ce matériau est utilisé par Hydrovane depuis 2009 sur toutes les unités, et aucune rupture n’a encore été signalée, bien que sous charge lourde – comme un choc avec un cétacé, un quai ou des traînards, certains arbres ont plié, sans casser toutefois.
Pour faciliter le démontage, le safran moulé est monté sur les 12,7 cm inférieurs de la mèche, et une goupille de retenue amovible de 6 mm est glissée à travers le safran dans un trou de 6 mm bien ajusté dans l’arbre, à 6,35 cm de la base de la mèche.
Lors de la GGR 2018, Jean Luc VDH était préoccupé par la goupille de 6mm de diamètre qui maintient le safran. Il pensait qu’elle n’était peut-être pas assez solide. Il a donc monté un boulon de taille similaire avec un écrou à sa place dans le même logement. Le boulon s’est cassé dans l’Atlantique. Il l’a remplacé par la goupille d’origine qui a duré le reste du voyage. Les autres Hydrovane de la GGR 2018 n’ont eu aucun problème de goupille.
PHOTO JEAN LUC
Jean-Luc Van Den Heede a choisi un Hydrovane qu’il avait modifié pour sa GGR 2018. Certaines
pièces ont cassé, mais la goupille est revenue aux Sables d’Olonne. Photo JLVDH/GGR2018
Damien a installé son Hydrovane original en 2021, et a été satisfait de ses essais intensifs en mer. Il a acheté une deuxième unité quelques semaines avant le départ comme pièces de rechange. Cette unité incluait un nouveau safran « haute performance » disponible depuis janvier 2022. Il a fait quelques modifications à son Hydrovane, y compris à la fixation de la pelle Hi-Perf sur la mèche. La pelle et la mèche d’origine ont été conservées comme pièces de rechange. Il nous a dit que le nouveau safran avait un peu de jeu sur la mèche et qu’il pensait que celui-ci serait mieux fixé avec deux boulons plutôt qu’avec une goupille.
Le logement de la goupille de sécurité d’origine de 6 mm a été remplacé par des trous de 7 mm (la photo montre que les trous ont été filetés) dans la mèche, au-dessus et au-dessous du trou d’origine. La goupille de 6 mm a été mise au rebut. Pour faciliter l’alignement lors de la mise en place du safran sur l’arbre, Hydrovane a installé un ‘guide’ (keyway knob). Un trou est d’abord percé dans le bord d’attaque de la mèche, ou Hydrovane insère ce guide. (voir photo)
Damien a percé et fileté le nouveau trou supérieur à travers l’arbre, proche du niveau de ce guide. La section transversale de la mèche à cet endroit est pénétrée de trois côtés, ce qui pourrait avoir affaibli la mèche. C’est également proche de la zone de “plus grande charge” sur la mèche, à la jonction de la pelle avec le safran. Damien a confirmé que c’est à cet endroit que la mèche s’est cassée, au niveau du trou supérieur.
Des milliers de safrans Hydrovane sont utilisés actuellement. Le trou de l’axe du nouveau safran est le même que celui des modèles précédents. Diamètre 32.00 mm, tolérance +/- 0.1 et diamètre extérieur de la mèche 31.64 mm, tolérance +0.00/-0.03. La différence ou le jeu est de 0,36 mm en plus de la tolérance.
L’expérience a montré qu’après un tour du monde, il y aura un petit peu de jeu, mais rien d’inquiétant. Hydrovane utilise la goupille de sécurité de 6 mm depuis plus de 50 ans, pendant lesquels l’ensemble du système a été amélioré à plusieurs reprises. Le matériau de la goupille a aussi été amélioré, mais a toujours le même diamètre de 6 mm. Hydrovane est réticent à l’idée d’augmenter ce diamètre au risque d’affaiblir la mèche.
La mèche a donc un petit jeu dans la pelle de safran, et l’ensemble du système a également une tolérance de jeu. Hydrovane a expérimenté le serrage des pièces pour découvrir qu’un peu de jeu était nécessaire et ne présentait pas de problème. Dans les années 1980, j’ai eu la même conversation avec Nick Franklin, le fabricant d’Aries, qui a fait exactement la même chose pour les roulements et les tringleries. La preuve est dans les millions de milles parcourus chaque année. Les tour-du-mondistes n’ont aucune raison de revoir les sièges de safran après 28.000 miles. C’était le cas pour les Hydrovane de la GGR 2018. Ils ont simplement continué à naviguer.
Damien a récupéré le safran sécurisé par un bout de sécurité et a signalé une petite fissure sur le bord d’attaque supérieur qui “pourrait” être un liée à la rupture de la mèche. Sur PRB, le safran Hydrovane est aligné avec le safran principal du bateau. Certains pensent que cela peut augmenter les vibrations causées par le safran du voiler, mais je doute que ce soit le cas. Le safran Hydrovane est dans ce cas protégé par la quille et le safran du voilier, il est donc peu probable qu’il soit heurté par un objet flottant non identifié.
D’après les informations actuellement disponibles, le trou de fixation du boulon supérieur pourrait avoir affaibli la mèche de safran, contribuant ainsi à la défaillance finale – la rupture de la mèche- à cet endroit.
Tapio Lehtinen, Elliott Smith et Ian Herbert-Jones naviguent tous avec le nouveau safran «Hi-Perf» et la goupille standard de 6 mm, sans aucun problème. La nouvelle pelle de safran a la même forme que celle de l’ancienne, avec une nouvelle disposition de la poignée supérieure et l’utilisation d’un nouveau matériau de construction. Le diamètre de la mèche et de son logement dans le safran reste inchangés.
La flotte GGR est sur le point d’entrer dans les mers du Sud avec 22 000 milles à parcourir. Damien a démonté l’Hydrovane en installant la mèche originale gardée en pièce de rechange, et le 23 octobre, est allé à l’eau pour installer avec succès la pelle de safran d’origine, elle aussi gardée en spare. Il est ravi d’être de retour en course. La fixation de la pelle d’origine a également été modifiée, filetant le trou d’origine sur la mèche de 6 mm à 7 mm et en installant deux vis de chaque côté pour maintenir la pelle.
Damien, qui a fait une remontée spectaculaire depuis son deuxième départ des Sables d’Olonne, a clairement poussé le bateau et le matériel à fond. Il est ravi de sa réparation, heureux de revenir dans le jeu avec la configuration originale de son régulateur qu’il a testé sur de nombreux milles, dans des conditions difficiles avant le départ, remportant au passage le Prologue depuis Gijón. Il est au contact du groupe de tête avec une belle carte à jouer !
Suite à ces événements, il sera rappelé à tous les participants équipés d’Hydrovane de vérifier les éléments de fixation et les resserrer régulièrement. La GGR 2026 demandera aussi que toute modification apportée à un système de régulateur d’allure soit préalablement soumise au fabricant et à la GGR pour leurs retours et commentaires.
NOTE : Hydrovane est un partenaire de soutien de la GGR et a répondu à des questions spécifiques.
Les inscriptions sont ouvertes pour la Golden Globe Race 2026 avec un avis de course revu !
Avec le succès du Village de la Course aux Sables d’Olonne, l’amélioration de la couverture médiatique, touchant un public plus large et diversifié, il y a déjà un intérêt important pour la prochaine édition.
Un avis de course entièrement revu, avec de nouveaux types de voiliers et une limitation à sept voiliers de même type, est désormais disponible en anglais sur le site de la GGR.
Une amélioration importante par rapport à 2022 pour les participants, est la section ‘conformité’ remaniée qui aidera les participants à identifier facilement et cocher toutes les exigences concernant les préparations du skipper et du bateau, comme le processus d’inscription. Elle comprend une explication claire de la philosophie de la course.
Vous pouvez vous inscrire à la GGR 2026 avec un budget inférieur à 100 000 €. Si vous vendez le bateau après la course, il pourrait vous en coûter moins de 45 000 €. Vous avez besoin de temps, de savoir ce que vous faites, et pourquoi vous voulez relever ce défi. Vous pouvez aussi dépenser 300 000 euros, mais la course est ouverte à tous.
Le rêve continue!