Les émotions étaient à leur comble alors que famille et amis faisaient leurs adieux aux 16 skippers au départ des Sables d’Olonne pour l’un des plus difficiles défis autour de la planète. La Golden Globe Race est une course en solitaire sans escale sur des voiliers anciens de 10 à 11 mètres sans technologie et sans assistance. Après des années de préparation intense et de vérifications de sécurité, la pensée de 9 mois d’isolement total avec uniquement des radios HF pour dialoguer avec sa famille était écrasante.
Les Sablais, comme à leur habitude, ont répondu présent pour saluer les concurrents de la GGR au cours des deux semaines du village de la course qui a accueilli 5000 visiteurs par jour. Des milliers de personnes le long du mythique chenal des sables d’Olonne ont salué les yachts classiques et historiques, les concurrents de la Golden Globe Race, les Olonnois traditionnels et les plaisanciers qui défilaient vers la ligne de départ.
« On ne peut rêver mieux que les Sables d’Olonne comme port d’attache de la GGR » a dit Don McIntyre, Président et Fondateur de la course, « Voir les navigateurs au départ de la marina était un mélange d’excitation, d’humilité et d’électricité. Nous avons tous été pris dans un tourbillon d’émotions. Imaginer les joies et les peines que ces marins et rêveurs vont vivre dans les mois à venir était difficile.’
Les skippers étaient fin prêts après des années de préparation, il était temps de partir! La ligne de départ mouillée entre le Swan 55 Galiana et l’Esprit d’équipe du skipper Sablais Lionel Reigner, participants à l’Ocean Globe Race. Sur le bâtiment Guépard, bateau école de la marine nationale dont la ville des Sables d’Olonne est la marraine, le départ a été donné par Sir Robin Knox-Johnston, accompagné du Maire Yannick Moreau et du fondateur de la GGR Don McIntyre.
Prologue, bis repetita ?
C’est le Britannique Simon Curwen qui a passé la ligne en première position, suivi peu après par le Français Damien Guillou sur PRB, rejoints par Kirsten Neuschäfer. Le trio qui avait mené le Prologue de Gijón ont rapidement pris la tête de la flotte en direction du Cap Finisterre, à 350 milles au Sud-Ouest des Sables d’Olonne qu’ils devraient passer d’ici 3 à 4 jours.
L’ancien ministe, l’ancien figariste et la navigatrice au long-cours qui avaient tous trois dominé le Prologue de Gijón mi-Août auront à cœur d’imprimer un rythme soutenu au reste de la flotte dans les premières heures de la course pour mettre en œuvre leur stratégies respectives qui devraient les amener à chercher la dépression à l’ouest avant de descendre jusqu’au DST du Cap Finisterre. De forts vents contraires, l’évitement du trafic côtier et de possibles interactions avec les orques le long des côtes galiciennes font partie des challenges à venir.
Le populaire marin local Arnaud Gaist a passé la ligne une minute trop tôt et a failli à repasser la ligne comme demandé par le comité. Il y aura des implications ultérieures mais qui ne devraient pas changer la face de la course pour le plus petit voilier de la course.
Christian Dumard, le météorologue de courses mythiques comme le Vendée Globe, la Volvo Ocean Race ou la Mini Transat, partage son analyse : « Les conditions pour les premiers jours de course vont être musclées. Après un départ dans de belles conditions, la dépression qui se situe à l’Ouest de la mer Celtique va amener des vents soutenus de Sud-Ouest . Elle sera suivie en fin de semaine prochaine des restes du cyclone Danielle qui s’est formé au milieu de l’Atlantique. C’est donc dans un flux de Sud-Ouest à Ouest dominants que les concurrents vont naviguer jusqu’au Cap Finisterre, puis probablement jusqu’à la latitude de Lisbonne. La mer sera formée avec des vagues pouvant atteindre les 4 mètres. Ils pourront alors espérer toucher l’alizé portugais, ces fameux vents de Nord qui leur permettront de filer au portant vers les Îles Canaries et l’Archipel du cap Vert. »
Deux options se dessinent donc dans l’immédiat : vers l’Ouest dans le front et le gros temps pour les skippers qui souhaitent imprimer un rythme fort au reste de la flotte dans les premières 24 heures, et une route privilégiant une météo plus clémente mais plus incertaine le long des côtes d’Asturies et de Galice. Ce choix, tôt dans la course, pourrait bien mener au premier morcellement de la flotte en 2 groupes.
L’Espagnol Aleix Seilles, toujours en attente de son mât à choisi d’accompagner la flotte tout en effectuant son test de gréement de fortune sur son Rustler 36 Onsoro. Il a selon l’avis de course, encore une semaine pour passer la ligne de départ au sud de Nouch, et bénéficier de bonnes conditions météo. Il est déterminé et pourrait bien ajouter un rebondissement supplémentaire à cette édition 2022.
Prochain rendez-vous avec la flotte, Lanzarote !