- Temps de course : 211 jours – 23h – 12min – 19s
- Mark Slats revient en course avec une pénalité de 36H
Aujourd’hui Jean-Luc Van Den Heede a inscrit son nom dans le livre des records non seulement en gagnant la Golden Globe Race de 2018, course en solitaire autour du monde, sans escale, sans assistance mais en devenant le navigateur le plus âgé de l’histoire à accomplir une telle course.
Le vétéran français de 73 ans, avec 6 tours du monde à son actif, bat le record de Sir Robin Knox Johnston, le seul concurrent à finir la Golden Globe Race du Sunday Times il y a 50 ans. Jusqu’au passage de la ligne par VDH aujourd’hui à 09:12 UTC, c’est Sir Robin qui détenait le titre du tourdumondiste en solitaire le plus âgé, après avoir terminé la Velux 5 Oceans Race en 2007 à l’âge de 68 ans.
L’âge n’est pas vraiment un inconvénient pour Van Den Heede qui est resté leader de la course depuis le passage du Cap de Bonne Espérance. A un moment, l’écart était même de quelques 2000 milles entre son Rustler 36 Matmut et celui du second Mark Slats, jusqu’au moment où son bateau a chaviré lors d’une terrible tempête à 2000 milles à l’Ouest du Cap Horn. Lui et son bateau s’en sont sortis mais lorsque Matmut s’est stabilisé, Jean-Luc a constaté que la pression sur la pièce de fixation de l’un des bas-haubans avait fendu le mât sur 10 cm sur sa section basse.
Sa première réaction a été de faire route Nord vers le port chilien de Valparaiso pour remplacer son mât, ce qui l’aurait mis hors course pour la 1ère place, mais deux jours plus tard, il a trouvé un moyen de réparer et est reparti en direction du Cap Horn naviguant sous-toilé.
Lentement mais sûrement, Mark Slats a gagné du terrain, lui reprenant 500 milles au Horn puis aux Açores, où l’écart n’était plus que de 50 milles en distance au but. Mais le vétéran Français a démontré son expérience de courses au large, donnant une leçon royale de tactique en reprenant un avantage de 400 milles sur son rival de 41 ans, qui cherchait un possible refuge en Corogne hier pour éviter une violente tempête annoncée Jeudi dans le Golfe de Gascogne.
Sir Robin Knox-Johnston, l’un des premiers à accueillir Jean-Luc à son arrivée a déclaré :
Jean-Luc doit être félicité pour sa performance magnifique, d’autant plus brillante, suite aux réparations qu’il a dû faire sur son mât pour rester en course. Je suis désolé de perdre mon titre du navigateur le plus âgé en solitaire autour du monde, mais il ne pouvait pas être décroché par une meilleure personne.
Le Président de la course Don McIntyre, inspiré par la performance de Knox-Johnston gagnant de la première course en solitaire en 1968/9, était fou de joie de pouvoir organiser ce 50ème anniversaire :
Tellement fantastique. Quelle victoire pour Jean-Luc. Il a prouvé que l’âge n’est qu’un nombre. La performance de Jean-Luc est l’exemple réussi des phases de planning, de préparation et d’exécution. Cela a remis l’aventure sur le devant de la scène en ravivant l’histoire de la course originelle, le Golden Globe du Sunday Times.
Jean-Luc Van Den Heede très joyeux a déclaré :
Avant mon chavirage, j’avais 2000 milles d’avance mais les réparations m’ont coûté une semaine et je suis descendu à 500 milles d’écart avec le second. Puis, de retour dans l’Atlantique, Mark Slats n’a cessé de combler l’écart entre nous deux et est devenu un vrai danger. Aux Açores, ma première option a été de faire route vers le Nord aussi vite que possible, et le jour suivant après avoir fait ce choix, Slats m’a suivi. J’ai pu voir d’après les prévisions météo qu’il se dirigeait tout droit vers une zone de calmes, et un jour après il était pris au piège. Il est encore coincé aujourd’hui et je suis là !
Plus de 100 bateaux sont sortis, malgré le temps froid et humide de Janvier, pour aller acclamer Jean-Luc de retour chez lui, dans son port d’attache, et toute la ville des Sables d’Olonne, y compris les enfants des écoles, ont bravé les mauvaises conditions météo pour accueillir chaleureusement leur héros le long du chenal.
En parlant de ses précédents tours du monde, Van Den Heede a déclaré :
Mes deux précédents Vendée Globe (qui ont commencé et se sont terminés aux Sables d’Olonne) étaient juste un entrainement pour la Golden Globe Race.
La Golden Globe Race est une course unique : les bateaux traditionnels ont de longues quilles et mesurent de 32 à 36 pieds (environ 11m), les skippers s’orientent avec un sextant, un chronomètre et une carte pour tracer leur route et ils ne peuvent bénéficier d’aucune assistance. Mark Slats, second, qui s’attend à une pénalité pour avoir reçu des informations directement par son manager hier, a appelé le PC Course à 15:00 UTC pour une mise-à-jour des prévisions de tempête qui devait s’abattre dans le Golfe de Gascogne ce Jeudi. Le système dépressionnaire a changé de direction cette nuit et ne devrait pas avoir d’incidence sur la course, Mark a donc décidé de revoir son plan qui était de se réfugier en Corogne, et est repartis en course à nouveau en route vers les Sables d’Olonne.
Le Président de la course Don McIntyre a fait le constat suivant :
Mark Slats est à 350 milles de la ligne d’arrivée et nous l’attendons Vendredi en soirée. La Direction de Course de la GGR a évalué l’entorse évidente à la Règle de Course 3.1.4 – Contact Téléphonique – et a appliqué une pénalité de 36 heures qui devait normalement se faire en mer. Cependant, suite à une décision antérieure de ne pas appliquer de pénalités dans le Golfe de Gascogne, les 36 heures seront ajoutées à l’heure d’arrivée sur la ligne. Un compte détaillé sera publié dans les 36H
La Golden Globe du Sunday Times, course originelle de 1968/9 comptait 9 concurrents au départ et un seul avait franchi la ligne d’arrivée – Sir Robin Knox-Johnston devenant alors le premier homme à naviguer en solitaire autour du monde et sans escale. Cette course a aussi eu un taux d’abandons élevé dont cinq de ses concurrents tombés dans l’oubli.
La performance de Jean-Luc qui a battu de plus de 100 jours le record de Sir Robin Knox-Johnston est remarquable. Cinq ont abandonné – pour raisons personnelles, l’un à cause d’une avarie de régulateur d’allure, quatre ont chaviré, démâté, et ont été secouru dans l’Océan Indien ou le Pacifique pour l’Anglaise Susie Goodall. Un autre des skippers a dû navigué sous gréement de fortune pour rejoindre le port de Cape Town sans assistance, et deux autres ont été contraints de s’arrêter en Australie.